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« Curiosités musicales » : revisitons la musique !

mardi 27 février 2018, par Valentin.

Je propose, depuis 2018, des conférences-concerts divertissantes pour tous publics, permettant d’aborder l’histoire et la théorie de la musique sous un angle accessible et amusant.

Alors, voilà.

Depuis quelques années, j’ai pour projet de proposer des causeries plus ou moins informelles, illustrées d’exemples musicaux joués au piano (par mes soins), portant sur des questions d’histoire des langages musicaux et de l’esthétique musicale, sur des points remarquables ou peu connus du patrimoine musical savant (qu’il s’agisse d’auteurs oubliés ou d’expériences méconnues). Ce projet commence aujourd’hui à se concrétiser, puisque j’ai été invité à donner quelques-unes de ces « conférences-concerts » (c’est un grand mot) à Paris et en banlieue, et que j’espère bien en présenter d’autres à l’avenir…

« Curiosités musicales » : plaquette de présentation

J’ai réalisé à cet égard une petite plaquette de présentation (4 pages format A5), que vous trouverez ci-contre et dont je copie ci-dessous l’argumentaire. Je l’ai illustrée de portraits et caricatures de compositeurs (toutes dans le domaine public), et rédigée sur un ton plutôt gentil voire simpliste — vous trouverez cependant dans les paragraphes suivants quelques développements plus pointus.

Non, la musique n’est ni une science impénétrable, ni une magie mystérieuse ! C’est un langage comme un autre, fait de notes et de rythmes plutôt que de mots ou de tracés. Les compositeurs et compositrices s’expriment comme vous et moi, et mènent des vies aussi ordinaires (ou héroïques) que le reste de l’humanité ; l’inspiration leur vient d’anecdotes inattendues, grandioses… ou parfois triviales.
Au-delà même de son imagination et de son talent, l’artiste est aussi artisan. Écrire de la musique est souvent un jeu d’esprit, un problème à résoudre. Les auteurs appliquent habilement – et détournent – des règles qu’ils se fixent eux-même, animés d’une inventivité ludique, non dénuée d’intuition et d’humour.
Du grand répertoire aux partitions méconnues, je vous invite à partager cette curiosité en nous penchant sur leurs œuvres et leur histoire, pour mieux comprendre ce qu’ils nous disent ! — V. Villenave.

Comme l’indique l’intitulé de ces conférences, il s’agit, d’un développement des billets que je rédige de temps en temps pour le site de l’Oumupo sous l’intitulé Curiosités musicales : http://oumupo.org/trouvailles.

Il s’agit également d’un prolongement de mon activité d’enseignement (et notamment des ateliers collectifs d’écriture que j’organisais autrefois, à titre bénévole). Mais aussi des exposés, stages, ateliers et autres stands qu’il m’arrive de tenir pour l’Oumupo.

Et, enfin et surtout, il s’agit pour moi de donner libre cours à ma passion de m’écouter parler d’expliquer des choses en des termes les plus simples et accessibles possibles, afin de contribuer à diffuser le savoir et la culture, et à désacraliser cet objet souvent mystérieux et intimidant qu’est aujourd’hui, pour beaucoup d’entre nous, la musique savante.

 L’histoire des « Curiosités » : une curiosité envers l’histoire

Lorsque j’ai lancé l’Ouvroir de musique potentielle actuel en 2011, l’enthousiasme suscité par cette initiative a pris une forme à laquelle je ne m’étais ni attendu, ni préparé. J’ai, en particulier, été frappé du nombre de contributions transmises de toutes parts, au hasard des rencontres… ou de prises de contact venant de parfaits étrangers !

La grande majorité de ces contributions prenait la forme de références historiques obscures (en tout cas pour moi) : « ah, vous vous intéressez aux expériences musicales sous contrainte ? Saviez-vous que, en l’année [xxxx], le musicien [Xxxx Xxxxxxx] avait précisément [écrit une partition|sorti un album|inventé un instrument] en s’appuyant sur [tel procédé mathématique|tel jeu linguistique|tel motif graphique] ? »

Si dans de très rares cas il pouvait s’agir de name-dropping purement gratuit, la plupart du temps ces contributions étaient offertes comme un simple coup de main en toute bonne foi, désintéressé et serviable, émanant de personnes manifestement plus cultivées que moi. En d’autres termes, j’avais devant moi un sérieux boulot de rattrapage avant de pouvoir prétendre à la moindre légitimité en matière de « musique potentielle ».

La culture historique (et éclectique), en effet, est une composante essentielle de tous les collectifs « ou-x-po » qui, dans le sillage de l’Oulipo en littérature, se sont construits dans des disciplines diverses (et parfois improbables) autour de deux approches, drolatiquement baptisées synthoulipisme et anoulipisme :

  • inventer de nouvelles contraintes d’écriture (de forme, de langage, etc.)
  • inventorier des contraintes déjà présentes dans le patrimoine existant, parfois passées inaperçues jusqu’à présent.

Ce dernier point est désigné par François Le Lionnais sous une expression savoureuse : les « plagiaires par anticipation » de l’Oulipo (un exemple parlant est celui de la sextine, forme combinatoire dont l’histoire s’étend sur près d’un millénaire).

En d’autres termes, les Oumupiens que nous prétendons devenir, se doivent d’être aussi (au moins pour une part) d’authentique érudits prêts à recueillir, traquer, dénicher, analyser, classer (/penser), autant de travaux précurseurs que possible. Autant le dire tout de suite : un pareille tâche est, s’agissant de la musique, tout à fait insurmontable. (Par quiconque en général, et par moi à plus forte raison.)

Mais cela n’empêche pas d’essayer. C’est pourquoi j’organisai dès 2012 le site web de l’Oumupo sous forme de wiki, en m’employant à distinguer plusieurs sortes de contraintes, leurs parentés éventuelles, etc. Certes. Mais que faire des inévitables objets inclassables ? Des tentatives sans lendemain ? De mon goût obsessionnel pour les listes incongrues ? Début 2015, j’ouvris en marge du wiki principal une simple page Shaarli, destinée à collecter quelques liens accompagnés d’une brève description (oui : brève ! en théorie du moins…), voire de quelques mots-clés.

 Du contenu

Deux ans plus tard, ayant rédigé sur cette plateforme des notices de plus en plus abondantes et développées, je commençai à me dire que ces « curiosités » pourraient aussi bien être présentées au public en chair et en os, sous forme d’exposés vivants et divertissants. À condition toutefois de les enrichir suffisamment pour que cette formule apporte un véritable intérêt en comparaison d’une simple notice lue à voix haute.

Comme je l’évoquais plus haut, c’est là une tentative de convergence entre mes activités d’écriture (notamment dans le cadre de l’Oumupo) et l’activité d’enseignant qui, au civil, me sert de gagne-pain mais pas seulement. J’ai eu de nombreuses occasions d’expliquer sur ce [Site] (et ailleurs) combien il me paraît important de lutter contre le processus que je qualifie de « ringardisation organisée de la culture savante », contre la dichotomie purement arbitraire entre public-consommateur-passif et artistes-dits-professionnels, ainsi que contre l’idéologie d’isochronie (l’illusion d’avoir atteint la « fin de l’Histoire ») qui conduit beaucoup d’élèves à s’avérer incapables de pouvoir situer aucune musique datant de plus de vingt ans dans le moindre contexte historique. (Expérience amusante : regardez la playlist qu’écoutent vos élèves — adolescents OU adultes — et demandez-leur, entre la Sonate au clair de Lune de Beethoven ou la dernière musique de film de Einaudi susurrée au piano, de quel siècle datent ces deux partitions…)

Les causeries que je proposent s’inscrivent discrètement dans cette démarche militante ; même si le public est ici — initialement du moins — réduit à une attitude de réception passive, j’essaye d’engager progressivement un échange, un dialogue, voire d’accueillir à l’improviste les éventuelles contributions. Dans un même ordre d’idées, jouer des morceaux moi-même en direct n’est pas ici destiné à faire admirer mes (très intermittentes) qualités d’interprète, mais à me permettre d’ajouter des commentaires, de rejouer tel ou tel accord ou fragment mélodique. En échappant au rituel formel et codifié en usage dans les lieux de culture légitimée (salles de théâtre ou — pire — de concert), j’entends démystifier non seulement le patrimoine musical, mais aussi les pratiques créatives elles-mêmes : je présente ainsi, lorsque le sujet s’y prête, quelques partitions écrites par moi-même ou par mes collègues oumupiens ; je peux également improviser quelques passages pour montrer comment une idée musicale pourrait être développée dans différentes directions.

Entendons-nous bien : si altruistes que puissent être ces justifications, je ne saurais nier qu’il s’agit également pour moi de « faire mon show », de façon extrêmement narcissique.

Mais pourquoi altruisme et narcissisme devraient-ils être incompatibles ? Après tout, l’existence même du milieu associatif et humanitaire ne s’explique pas autrement…

 Du gâteau

Une autre de ces raisons est, autant le reconnaître, explicitement mercantile : après plus de quinze ans dans l’enseignement artistique spécialisé, je dois m’avouer lassé, non d’enseigner et d’accompagner les élèves, mais de continuer à le faire au prix royal d’environ vingt euros (bruts) de l’heure. Pour autant, les pratiques culturelles et artistiques, particulièrement celles qui nécessitent un enseignement individuel, restent à un prix généralement bien trop élevé ; à tel point que d’éhontés politiciens se saisissent de prétextes grossiers pour remplacer ces dernières par des cours collectifs. Si nous devons « faire dans le collectif », alors allons-y gaiement et ouvrons les salles au public le plus large : même dans un concert gratuit où trône symboliquement une corbeille à côté de la sortie, les interprètes savent pouvoir compter sur un revenu substantiel du seul fait de la générosité (ou de la mauvaise conscience) de leur auditoire.

À ce constat s’en ajoutent deux autres : le premier est l’intérêt jamais démenti, envers les conférences et événements culturels, d’un certain public — pour nommer par son nom l’admirable diversité sociologique de la société française : je veux ici parler des vieux. Postez-vous à la sortie d’une conférence Connaissance du monde, d’un cours au Collège de France, ou de je ne sais quelle UTLS, UTL ou UP, et vous en verrez les signes, difficilement ignorables. Or par une amusante coïncidence, ces classes d’âge sont également celles qui peuvent encore se prévaloir d’une (relative) aisance financière. La conclusion n’est pas difficile : s’il y a un gâteau, alors j’en veux une part.

De cette appétence toujours grandissante de notre société en matière d’éducation culturelle (et nonobstant ridiculement ignorée par la plupart des instances dirigeantes), l’on peut voir un autre signe éminent dans le succès de programmes grand-public tels que ceux que proposait autrefois Leonard Bernstein au public américain, ou depuis ces dernières décennies Jean-François Zygel à la radio et à la télévision françaises. Le public est là.

Et puisqu’il y a un gâteau, alors j’en prendrai aussi ma part.

 Sauvons la musique des « musicologues » !

Bernstein et Zygel ont un point commun, que je prétends également partager : il s’agit de musiciens (et, semble-t-il, de compositeurs), non de « musicologues ». Fréquenter la musique de l’intérieur (en particulier de par l’écriture) est à mon sens un aspect essentiel pour pouvoir en parler sans rester borné à d’insanes amphigouris.

Celles et ceux qui fréquentent ce [Site] depuis dix ou douze ans le savent : de toutes les engeances dispensables et nuisibles dont est affligé notre monde, les prétendus « musicologues » constituent celle dont je pleurerai le moins la disparition (espérons-le) prochaine, atroce et fétide.

Le terme « musicologie » recouvre une escroquerie intellectuelle dont la seule raison d’être est de continuer à remplir les poussiéreux amphithéâtres de la Sorbonne et les poussiéreux ouvrages rédigés par de non moins poussiéreux barbons. Se revendiquer « musicologue » revient à reconnaître que l’on n’est ni musicien, ni historien, ni compositeur ou théoricien : tout au plus, un simple faiseur de discours, suffisamment dépolitisé et inoffensif pour ne menacer personne, et surtout pas l’ordre social bourgeois dans lequel ni la culture ni l’artiste professionnel ne se risqueraient à sortir de leur petite case. Parce qu’il n’existe pas de « musicologie », les musicologues n’ont pas davantage de légitimité que les « politologues », « criminologues » et autres « économistes » dont se repaît l’industrie médiatique. Non qu’il n’existe pas de questions légitimes en matière de philosophie politique, de psychopathologie des comportements violents, de statistique et de sociologie de l’économie ; ce n’est toutefois pas chez ces « experts » fantoches (jadis nommés « doxosophes » par Pierre Bourdieu) que vous en trouverez.

Le « musicologue », donc, n’est autre que le doxosophe du champ musical. Vous voulez parler d’histoire de la musique ? Parlez d’histoire, pas de « musicologie ». Vous voulez parler des systèmes d’organisation des hauteurs ? Parlez d’harmonie et de théorie, pas de « musicologie ». Vous vous intéressez aux pratiques musicales d’une région géographique, ou d’une catégorie de population délimitée ? Parlez — à l’extrême limite — d’ethnomusicologie, mais avec prudence. (Et certainement pas, en tout cas, de « musiques du monde ».) Vous voulez parler de musique ? Alors commencez par en jouer et en écrire de façon convaincante, et on en reparlera.

 Demandez le programme !

Au-delà des notices que j’ai publiées à ce jour (plus de deux cent, et il en reste encore autant en projet pour l’instant), j’ai commencé à réfléchir à des thématiques possibles qui pourraient donner lieu à un exposé oral et musical, sous un angle d’attaque original ou irrévérencieux.

Ainsi, la première causerie que j’ai prononcée s’inspire de mon billet À quoi jouent les compositeurs ?, consacré aux sports et jeux auxquels se livraient beaucoup d’auteurs de la première moitié du XXe siècle. C’est surtout un prétexte pour montrer des photos cochonnes de compositeurs en maillot de bain — mais cela apporte également un intérêt historique et musical : il me semble que l’on écoutera différemment la musique de Prokofiev en sachant qu’il était un joueur d’échecs exceptionnel mais très mauvais perdant, ou celle de Schönberg en sachant qu’il avait noué sur les courts de tennis une amitié indéfectible avec… George Gershwin.

Voici quelques-uns des (nombreux !) thèmes que je proposerai dans les années à venir :

  • Des maths dans nos partitions !
  • Mais où sont les compositrices ?
  • Plaisanteries musicales
  • Les chats dans la musique
  • L’astronomie et la musique
  • De la composition musicale... à la peinture
  • Au royaume du quart de ton
  • Musique et science-fiction
  • Bande dessinée et musique
  • Que compose-t-on quand on est dépressif ?
  • Musique savante persane et iranienne
  • Jean-Jacques Rousseau, compositeur

Encore quelques autres sujets, piochés notamment parmi mes notices sur le site de l’Oumupo :

  • Comment dit-on « HAYDN » en français ?
  • La Folia : 600 ans d’histoire en 8 mesures.
  • Musiques obstinées
  • De la Marseillaise à l’Internationale
  • Cadet Rousselle : parcours d’une chanson populaire
  • Le Jeu de dés de « Mozart »
  • Énigmes musicales : Bach, Elgar
  • Le carillon de Big Ben
  • À la source du Beau Danube bleu
  • Un équivalent musical des illusions d’optique ?
  • D’où vient la chanson du jeu Tétris ?
  • La France cocaïnomane : l’album Mariani
  • Au royaume du quart de ton
  • Tout autour du monde, des langues faites de musique
  • Le Solrésol : une langue universelle, 60 ans avant l’Espéranto
  • et bien d’autres…

En espérant réunir autour de l’un ou l’autre de ces sujets un public abondant, enthousiaste et bienveillant, fortuné ou généreux… et surtout : curieux.

Valentin.

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