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Génériques (1)

Aujourd’hui : {Life on Mars}, {Ashes to ashes}, {Human target}

mercredi 8 décembre 2010, par Valentin.

J’ai déjà dû vous le dire, les génériques de séries télé sont un de mes dadas. En particulier lorsqu’ils changent avec le temps (aah, le générique de Doctor Who).

Je me faisais cette réflexion l’autre jour en regardant la série britannique Ashes To Ashes, ou plus précisément le début de la saison 2 (j’ai décroché au milieu de la saison 3 après avoir lu une interview où l’auteur expliquait que la fin allait être triste).

 Split screen et mur d’images

Mais avant de vous parler de ça, il faut mentionner que cette série est en fait elle-même dérivée de la série Life On Mars, qui se passe dans les années 1970. Voyez comme son générique recycle intelligemment le procédé dit de « split screen », très à la mode à l’époque :

Si elle ne date pas de cette époque, cette technique de montage est pourtant fréquemment associée aux années 1960/1970. Peut-être à cause des génériques de cette époque, qui en raffolaient :

Ce qui a évidemment conduit à d’innombrables parodies, mais pas seulement. D’un point de vue dramatique, le split screen a connu un regain d’intérêt dans les années 2000 : il est largement exploité dans 24, mais également dans Burn Notice ou Ugly Betty. D’un point de vue plus esthétique, le thème du « mur d’images » est resté un symbole de modernité, comme en témoignent les vidéos de démonstration de la technologie Core Vidéo d’Apple ou des applications telles que Cooliris.

Bref, le générique de Life on Mars se situe dans cette démarche, partant d’un langage visuel associé aux années 60 pour en faire quelque chose de moderne. La musique témoigne exactement de la même démarche : le groove de base est donné par des instruments purement électroniques et fait signe vers la musique techno ; seules quelques traces font références aux années 70 (le coup de caisse claire sur les temps faible, la sonorité choisie pour le thème).

 De juxtapositions en transitions

La série Ashes to ashes, elle, se situe dans les années 1980. Et le langage, autant visuel que musical, du générique, est tout autre :

Cette fois il ne s’agit plus tant de juxtaposition d’images que de transitions, avec en particulier l’infâme effet « store vénitien » bien connu des utilisateurs de Microsoft Windows® (économiseur d’écran, diaporamas, PowerPoint, MovieMaker : il est partout !).

Le thème musical de Life on Mars est toujours là, mais largement dissimulé sous des nappes de guitare électrique délibérément (j’ose le croire) ringardissimes.

Mais en fait ce qui m’a intrigué dès le premier épisode, c’est surtout la fin du générique. Écoutez bien :

Le crescendo de la fin se termine sur... sur quoi, au fait ? Ce n’est pas vraiment un accord ; ou bien si c’en est un, il est masqué par une espèce de coup sourd qui — et c’est là la particularité — sonne comme un si bémol grave... alors que la musique est en sol mineur ! Vous me direz, ça fait un accord renversé, à l’état de sixte ; sauf que n’importe quel élève de formation musicale vous le dira, un morceau écrit dans un langage tonal digne de ce nom finit toujours, toujours, à l’état fondamental. Bref, il aurait fallu un sol à la basse.

Pourquoi, mais pourquoi donc, nous ont-ils fichu ce coup sur l’accord final ? On pourrait risquer l’hypothèse suivante : à l’origine ce générique devait durer plus longtemps, et ce sib est intentionnel. Peu vraisemblable (en tout cas j’ai du mal à imaginer ce qu’ils en auraient fait par la suite).

Dans le premier épisode de la saison 2, la musique du générique se termine avec un gros sol grave tenu à la basse, qui se poursuit ensuite et donne une ambiance sombre à la scène qui suit — un instant, j’ai même cru que la musique du générique avait été changée, pour régler ce problème de discordance. Écoutez bien, c’est assez discret :

Est-ce à dire que l’ingénieur du son s’est rendu compte de cette anomalie, et a tenté de la masquer tant bien que mal ? Quoi qu’il en soit, dès l’épisode suivant la musique était redevenue égale à elle-même dans toute sa maladresse.

Comme quoi.

 Bonus (mais c’est pas un cadeau)

Ainsi que je l’ai fait remarquer récemment, la série Human Target vient de reprendre, avec une mauvaise surprise : la musique du générique a changé !

Voici le générique de la saison 1 :

Joli, non ? Armez-vous maintenant de courage... voici celui de la saison 2.

La musique orchestrale de Bear McCreary (à qui l’on doit notamment le nouveau Battlestar Galactica, Caprica et l’excellent Eureka) a fait place à une espèce de soupe minable avec une guitare électrique de façon on ne peut plus primaire... Mais que s’est-il donc passé ? Simple : le réseau Fox l’a viré pour caser un autre compositeur, Tim Jones, que l’on avait d’ailleurs connu plus inspiré (on lui doit notamment la musique de Chuck1).

Les fans crient au scandale (il y a même une pétition) et il n’est pas impossible que la musique d’origine revienne.

Notez, au demeurant, de quelle façon la seconde musique pastiche la première :

Là où la première se caractérise par son usage des notes étrangères (le la bémol, le si bémol, le mitour à tour naturel et bémol) et une assez réussie ambigüité majeur/mineur, la seconde commence (presque) sur les mêmes notes (mais cette fois on part sur la tonique), puis reste sagement dans les clous avec des intervalles bien rassurants (un saut d’octave, nom de nom ! même pas une septième, non : un putain de saut d’octave !). Et que diable vient faire là cette mesure à trois temps ? On dirait qu’un temps a été enlevé sur la piste après l’enregistrement, uniquement pour mieux correspondre au montage... Quant à l’instrumentation, au lieu du solo de cor et de son souffle épique, là encore c’est le choix de la sécurité : les violons. (Pour ce qui est de l’« accompagnement » à la guitare électrique, j’ai déjà dit ce que j’en pensais.)

Bref. C’est bien triste.

À la prochaine !

Valentin.

Portfolio


[1Où il pompe d’ailleurs une autre musique du même McCreary, celle de la série Terminator — mais ça, on en reparlera

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