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Comme en quatorze

samedi 28 décembre 2013

Bonjour à tous, bonjour à toutes,

Deux-mille-quatorze, et nous voilà donc avec une année de plus — ou une année de moins, selon le point de vue. Ces temps-ci je serais plutôt dans l’esprit « verre à moitié vide », puisque cette année qui commence sera celle de mes trente ans. L’occasion de faire le point sur le vide abyssal, ou plus exactement le tunnel de médiocrité, qui me semble avoir séparé mes vingt ans de mes trente : pas d’enfant, pas de situation sociale stable, et même pas de « vrai » métier — pour comble je me retrouve depuis quelques mois, comme à l’âge de 17 ans, à accompagner des cours de danse pour subsister. Certes, cela vaut infiniment mieux que les autres formes de servage moderne (l’exemple habituel était « caissier chez McDonald’s », mais on me souffle que « manutentionnaire chez Amazon » est en passe de prendre la relève) ; il n‘en demeure pas moins que le vide subsiste. I need to get a life.

Les bonnes âmes ne manqueront pas de me faire observer que pendant cette décennie je me suis quand même occupé, ne fût-ce que pour tromper l’ennui : mon catalogue en témoigne : « un opéra, quand même ! Ce n’est pas rien ! » Mais là encore, le syndrôme du verre vide prédomine : plutôt que l’opéra que j’ai effectivement écrit et mené à bien, je pense aux deux opéras que j’ai ensuite entamés dans un grand élan d’enthousiasme, et qui se sont finalement avérés n’intéresser que moi. Plutôt que de me féliciter d’avoir enfin écrit une sonate pour piano, j’en soupèse les pages, j’en compte les minutes et me dis : « trois ans de travail pour ça ? ». Plutôt que de penser à Kandinsky-qui-n’avait-pas-peint-une-seule-toile-avant-l’âge-de-trente-ans, je pense à Prokofiev-qui-avait-écrit-des-milliers-de-pages-et-revenait-glorieux-de-sa-première-tournée-américaine. Sans doute l’esprit humain fonctionne-t-il ainsi ? Le mien, en tout cas.

Alors ? Alors, c’est l’heure de faire le point. Prendre un peu de distance (sans toutefois cesser de se regarder le nombril — après tout ceci est un site personnel, entreprise narcissique s’il en est), prendre une mine compassée et s’interroger gravement... avant de repartir bravement pour une année de plus, une décennie de plus, une vaine bataille de plus. Comme en quatorze.

Confronter deux pièces pour flûte et piano, écrites à dix ans d’écart, est l’occasion de quelques enseignements édifiants. Il y a encore quelques années, je pouvais lire une page écrite à l’âge de 13 ou 14 ans et me dire « je l’écrirais encore ainsi aujourd’hui » ; aujourd’hui, et notamment depuis l’avénement de l’Oumupo qui n’a cessé de prendre une place croissante dans mes préoccupations, c’est moins certain. Mon discours s’est fait plus complexe, plus sérieux, plus sombre aussi — le tout, à mon corps défendant. Je ne peux plus dire que j’écrirais de la même façon aujourd’hui ce que je rédigeais autrefois... Mais je ne peux pas dire non plus que je me reconnaisse dans ce que j’écris aujourd’hui.

En fait, je ne peux plus dire grand-chose.

Mais bonne lecture quand même !

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